Le prêt garanti par l’État (PGE) est un dispositif mis en place par le gouvernement français en réponse à la crise économique causée par la pandémie de COVID-19. Son objectif principal est de soutenir les entreprises en leur fournissant un accès plus facile au crédit pendant cette période difficile.
Le PGE permet aux entreprises de bénéficier d’un prêt bancaire garanti à hauteur de 90 % par l’État. Cela signifie que si l’entreprise est incapable de rembourser le prêt, l’État se porte garant de 90 % du montant emprunté, limitant ainsi le risque pour les banques.
Depuis 2022, les entreprises commencent à rembourser le PGE. Et bien qu’un tiers du montant des PGE a déjà été remboursé actuellement, certaines entreprises rencontrent des difficultés compte tenu du contexte économique.
Sophie Moreau-Garenne, dirigeante du cabinet SO MG, accompagne les entreprises dans le cadre du refinancement de leur PGE.
Sophie a un long parcours dans le restructuring. En 25 ans de carrière, elle a évolué dans de grands groupes français et internationaux, dans lesquels elle était impliquée à la fois dans des missions de conseil en restructuration et dans des audits d’acquisition pour le compte de fonds d’investissement. En 2012, elle fonde son propre cabinet de conseil financier, SO MG Partners, et accompagne depuis plus de 10 ans les entreprises qui souhaitent sécuriser leur situation financière et obtenir des solutions opérationnelles à leurs problématiques.
La mise en place des PGE a permis à chacune des parties de bénéficier d’un effet d’aubaine : les banques ont bénéficié d’une garantie de l’état à hauteur de 90 %, ce sont des prêts qui ne sont absolument pas risqués pour elles. En contrepartie, les entreprises ont pu s’endetter à des taux historiquement bas. Les banques ont donc profité, lorsque ce dispositif a été mis en place en mai 2020, d’investir dans certains placements plutôt que d’autres. Les entreprises ont atteint un niveau d’endettement post-pandémie très important pourtant un grand nombre d’entreprises n’étaient déjà à l’époque pas en capacité de rembourser de tels montants, ou en tous cas, l’équilibre fonds propres / dettes s’est trouvé fragilisé.
Pour les prêts qui ont été accordés fin 2020, le début du remboursement des PGE a commencé fin 2022, après 2 années de franchise prévues au contrat. Or, nous sommes actuellement dans une période d’incertitude économique, avec la hausse des taux d’intérêt, la hausse des matières premières et l’obligation de commencer à rembourser ces PGE qui doivent rester contractuellement dans une enveloppe de 6 ans. Elles se retrouvent donc de nouveau en difficulté et doivent réussir à justifier d’une capacité de remboursement.
Une des options qui semble la plus facile est d’entrer en négociation avec les banques, de façon à renégocier les échéances de remboursement et d’allonger de manière très importante les durées de remboursement. Légalement, les entreprises doivent se faire assister pour les “petits” montants de la médiation du crédit, et pour les dossiers de taille plus importante, la renégociation doit se faire dans le cadre d’une conciliation. C’est une procédure confidentielle sous l’égide du tribunal de commerce, qui a vocation à s’assurer que toutes les parties sont traitées de manière égalitaire.
De façon pragmatique, elles regardent la capacité de remboursement de l’entreprise et son niveau d’endettement par rapport à ses fonds propres.
Aujourd’hui les demandes de refinancement sont assez courantes, cependant, les PGE qui ont été accordés sur des bases de taux d’intérêts très faibles (inférieurs à 1% généralement) et la renégociation va cristalliser la hausse des taux d’intérêt, et il faudra donc prévoir dans la renégociation le coût du financement avec des taux bien plus élevés compris entre 3 et 4%.
La renégociation des PGE peut compromettre la capacité à contracter de nouveaux prêts (lignes à court terme ou financements d’investissement) notamment en raison de la baisse de la notation de la Banque de France, qui sera connue des principaux partenaires de l’entreprise. En conclusion, obtenir un PGE a été facile car cela était garanti par l’État, il y a eu deux années de franchise de remboursement, ce qui a été assez confortable, et actuellement, si une entreprise n’est pas en mesure de commencer les remboursements, elle peut les renégocier assez simplement. Mais il ne faut pas négliger les effets néfastes de cette démarche qui doit en prime être encadrée sous l’égide du tribunal de commerce.
Oui, puisque pour de petits PGE, cela peut se faire facilement avec la médiation du crédit qui est gratuite. La conciliation, quant à elle, entraîne des coûts et des honoraires de conseil assez importants.
Nous avons des dossiers publics comme Pierre & Vacances qui est un dossier assez inédit en raison de la mise en œuvre de la garantie de l’État par le biais du PGE et qui a suscité un fort intérêt. Les négociations de PGE ont permis à l’entreprise en forte difficulté de trésorerie de sortir d’une zone de turbulences.
Il y a également le dossier casino qui a dû faire appel en urgence en mars 2023 à ce système de PGE et qui génère désormais des millions d’euro de chiffre d’affaire. Ces deux sociétés sont des exemples concrets de sociétés surendettées qui sortent peu à peu la tête de l’eau grâce au refinancement.
Il faut estimer le coût des intérêts et des honoraires et vérifier l’intérêt économique réel de repousser les remboursements.
Il est important aujourd’hui de donner de la visibilité aux dirigeants de manière à ce qu’ils prennent des décisions de manière éclairée : envisager des prévisions de trésorerie avec plusieurs scenarios, et calculer l’impact des décisions prises en se faisant accompagner et conseiller afin de valider les meilleures options de sortie pour l’entreprise.
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